'Human Bodies', à Barcelone ; 'Our Body' en France ; 'Bodies' aux Etats-Unis ; etc...

Ces expositions ont en commun d'exposer, aux yeux des visiteurs, des cadavres et des organes humains disséqués, tranchés, plastinés.

Pour conserver ces tissus humains, la méthode utilisée dite de "plastination" consiste à retirer l'eau et la graisse des tissus et à les remplacer par du silicone ou de la résine époxy. Cette technique permet de conserver les corps indéfiniment et sans odeur (cf vidéo ci-dessous, attention âme sensible s'abstenir).

Depuis 1995, "40 millions de personnes ont eu l'occasion de la visiter dans 23 pays", indique Gunther Von Hagens, anatomiste allemand, inventeur du procédé de plastination et créateur de la première exposition de cadavres plastinés 'Body Worlds'.

Vingt ans après sa première exhibition de corps et d'organes humains, les expositions du même type se sont multipliées à travers le monde...réclamant leurs lots de cadavres... Les promoteurs d'évènements, percevant l'intérêt du public (voyeurisme, intérêt scientifique, simple désir de mieux connaître son propre corps, etc....) et attirés par l'appât du gain, copient largement l'original et se fournissent en macchabées humains, comme l'on commanderait toute autre marchandise (voiture, sculpture, etc...).

De nombreuses polémiques émaillent le parcours mondial de ces expositions :

  • Sur l'origine des corps : des prisonniers chinois pour les premiers (cf vidéo ci-dessous) ;
  • Sur le consentement des défunts quant à cette utilisation de leurs dépouilles ;
  • Sur le respect de la déontologie scientifique quant à l'usage des organes prélevés ;
  • Sur la transgression de tabou. C'est un choc culturel dans beaucoup de pays ;
  • Sur l'intérêt scientifique ;
  • Sur la valeur artistique.

Ces nombreuses polémiques, la fermeture de l'exposition et une interdiction en France, n'ont pas arrêté l'expansion mondiale. Là où les moyens modernes pourraient permettre de reproduire en 3D la même représentation du corps et de la diffuser très largement gratuitement, les promoteurs d'exposition choisissent et réclament leurs parts de chair humaine...même plastinées!

Si Van Hagens exprimait vouloir rendre hommage aux premiers anatomistes qui, à la renaissance, volaient les corps dans les cimetières et disséquaient, en toute illégalité, dans le but d'améliorer les connaissances scientifiques, que penser des intentions mercantiles de ses copieurs (et de lui-même)?

Aujourd'hui, la communication de ces expositions se situent toujours sur le champ de la pédagogie scientifique pour un large public : "~~Y es que el objetivo de HUMAN BODIES es hacerte reflexionar sobre la propia vida, el viaje más largo, único y personal que emprenderás jamás. ¿Has visto alguna vez los efectos en el organismo humano de enfermedades como la obesidad? ¿Y el cáncer? ¿Sabes cómo daña los órganos a los que afecta? ¿Y qué sucede en tus pulmones o hígado al adoptar malos hábitos como el tabaquismo o el consumo de alcohol? Pues ahora puedes hacerlo con tus propios ojos. Por fin en Barcelona la exposición que todo el mundo esperaba: HUMAN BODIES, una muestra que te cambiará para siempre tu concepto sobre la experiencia de la vida, la enfermedad y, también, la necesidad de cuidar tu propio cuerpo." (http://www.humanbodies.eu/la-exposicion/)

Il semblerait que cette communication, axée essentiellement sur l'intérêt pédagogique, éloigne les polémistes, et récolte même un drôle de fruit : 'le don de son corps' fait par des visiteurs enthousiastes. Actuellement, l'Institut pour Plastination de Gunther Van Hagens a une liste de donateur (donneur) de plus de 14,000 individus qui incluent plus de 13,000 Européens et 1,000 Américains du Nord. De grandes universités dont la Universidad Autónoma de Barcelona (UAB) et la Universidad de Girona (UdG), ainsi que des laboratoires se sont formés à la plastination et produisent, aujourd'hui, des organes et cadavres plastinés. D'après Van Hagens, il y aurait 400 établissements de plastination répartis dans 40 pays.

Force est de constater que même l'usage des cadavres se mondialise !

L'anatomiste Van Hagens se targue d'être un artiste, mettant en scène ces corps déchiquetés, et il vient d'ouvrir, en ce début 2015, son musée à Berlin Körperwelten-Museum... les touristes du monde entier, se rendant à Berlin, auront tout le loisir de contempler ces cadavres écorchés, plastinés...comme l'on peut voir les momies dans d'autres musées. Il semblerait que la nouvelle technique de momification soit celle de la plastination!

Adieu cimetière et son cercueil, Adieu columbarium et son urne funéraire, le temps d'une nouvelle sépulture est arrivé : la salle d'exposition, le musée avec sa momie plastinée sous vitrine en plexiglass.

Pourquoi avoir choisi, aujourd'hui, de parler ici de cette exposition qui se tient à Barcelone au centre commercial les Arènes au 4e étage jusqu'au 12 avril 2015?

Simplement parce qu'elle m'interroge... faut-il y aller ou pas?

Je n'y suis pas allée en 2009 quand l'exposition se tenait à Lyon et que j'y habitais. Six ans plus tard, j'ai à nouveau la possibilité de m'y rendre...irai-je ou pas en ayant plus d'éléments de réflexion.

Ahora, ¡no lo sé!

¿Y tú, irás o no?

*

Ci-dessous, quelques éléments supplémentaires pour y penser :

- polémique sur l'origine des corps vendus par la chine et utilisés pour les expositions. Vidéo en anglais.

- comment le cadavre humain est transformé en objet d'exposition : la plastination video en anglais. Attention cette vidéo peut choquer.

-le musée de Berlin. Article en Français.

par Isabelle, CastelCulture.

Polémique sur la provenance des corps. Vidéo en Anglais.

ATTENTION AMES SENSIBLES S'ABSTENIR, le contenu de cette vidéo peut choquer. vidéo en anglais.

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